Les défis de l’interculturel

Le travail social recèle de nombreux défis. Prendre conscience de ses propres représentations est essentiel pour parvenir à créer les conditions de possibilité pour favoriser et développer le dialogue. En rendant visibles des éléments qui paraissent tellement présents que nous n’y prêtons plus attention, nous pouvons mieux travailler. Cela suppose « d’allumer nos warnings » lorsque certains défis se présentent à nous, dont :

  • Le défi des différences culturelles : différences de valeurs, de pratiques et/ou de comportements qui se manifestent directement par des malentendus, des difficultés de compréhension et/ou de coopération etc.
  • La distinction « Eux/Elles/Nous », ou « Othering » : l’un des défis dont nous avons tou.te.s hérité est l’idée qu’il y aurait « eux/elles » et « nous » : « nous les français.e.s » ou « nous les travailleur.euse.s sociaux/sociales », « eux/elles les migrant.e.s » ou « eux/elles les institutionnel.le.s », etc. Comment être flexible sans mettre en péril son identité professionnelle ni imposer des règles qui, parfois, peuvent être complexes à intégrer ?
  • L’erreur fondamentale d’attribution et l’effet de Halo : il s’agit d’un biais consistant à privilégier, lors de la rencontre, les interprétations personnelles (via nos stéréotypes) et à sous-estimer le rôle des facteurs externes ou environnementaux (1977 Ross, Amabile et Steinmetz) ainsi qu’à adopter une perspective sélective d’informations allant dans le sens d’une première impression que l’on cherche à confirmer (1946, Solomon Hasch). C’est donc le fait d’essentialiser une personne par rapport à l’une de ses caractéristiques qui vient prendre le dessus sur tout le reste (tatouages, voile, grosse barbe, poils, …)
  • L’identité défensive : on parle d’identité défensive lorsque telle personne ou telle altérité représenterait pour nous une menace. Apparaît alors un processus de clôture cognitive ne permettant pas de créer un dialogue satisfaisant. Comment sortir de l’identité défensive ? Comment identifier nos filtres pour mieux les combattre ?
  • Le défi principal : moi-même ! Le plus grand défi à prendre en compte dans l’accueil des primo-arrivant.e.s, c’est « moi ». Nous constituons potentiellement une menace au parcours d’intégration. Faut-il parler d’une crise de la migration ou plutôt d’une crise de l’accueil ? Comment adopter une posture qui favorise l’adaptation nécessaire à une bonne intégration dans le parcours d’accompagnement des personnes ?

Travailler dans l’interculturel suppose d’assumer qu’il y a des stéréotypes, et d’assumer qu’on les incorpore.

Ci-dessous quelques illustrations de ces défis… A vous de jouer !

FIXEZ LE POINT NOIR :

En fixant le point noir un certain temps, la zone grisée disparaît. Parfois, nous sommes tellement concentré.e.s sur un seul aspect d’une personne ou d’une situation que toute la complexité disparaît et que l’on perd alors toute finesse d’analyse. Cf « erreur fondamentale d’attribution ».

Que voyez-vous ?

Bien joué ! Il y a en effet un canard et un lapin. Nous sommes capables de voir les deux images, et pourtant, notre cerveau s’arrête la plupart du temps sur une seule image à la première lecture, selon son image de prédilection. En général, le cerveau ira vers ce qui lui ressemble et/ou lui semble le plus facile.

La face bleue est-elle au premier plan ou à l’arrière-plan ?

Les deux ! En fonction du point de vue que vous choisissez, elle peut se retrouver à l’avant ou à l’arrière. Essayez de la faire passer d’un côté à l’autre. Vous y parvenez ? Bravo ! Si vous n’y parvenez pas, pas d’inquiétude : parvenir à modifier son point de vue est très compliqué et cela demande un effort cognitif. Ce n’est pas agréable ! C’est dérangeant. Ici encore, notre cerveau va vers ce qu’il sait et va chercher la confirmation. Faire différemment implique un effort, de la concentration et du temps.